Véritable tremplin vers les meilleurs studios de développement de jeux vidéo, l’école supérieure située en Courtine, forme des futurs génies venus des quatre coins de France. 1 000m² sont dédiés à l’un des secteurs les plus lucratifs au monde. A sa tête, Kevin Vivier, 28 ans, passionné de jeux vidéo et entrepreneur dans l’âme.
La renommée de l’école n’est plus à faire, les coupures presses s’accumulent, les partenaires se bousculent, les projets d’agrandissement voient rapidement le jour. Les résultats dépassent les attentes du directeur : un succès admirable pour une jeune école. Inaugurée en 2017, l’école propose une formation en infographie 2D/3D pour apprendre à modéliser les décors et les personnages numériquement et une formation en programmation, formant les professionnels qui écrivent les codes pour créer une cohérence dans un jeu vidéo. Un havre pour les concepteurs en herbe, soutenu par MSI gaming, leader mondial du ‘Pc gamer’.
Au cours des deux dernières décennies, les jeux vidéo se sont imposés comme le marché le plus lucratif de l’industrie du divertissement. Déjà en 2019, les jeux vidéo généraient deux fois plus de revenus que l’industrie du cinéma et de la musique enregistrée réunies, comme le révèlent les données publiées respectivement par Newzoo, Billboard et l’IFPI. Ce marché ayant profité d’un bond de plus de 20% de son chiffre d’affaires à près de 175 milliards de dollars, là où, à l’inverse, l’industrie du cinéma a subi un effondrement historique de plus de 70% de ses revenus. Des statistiques que Kevin Vivier corrobore avec enthousiasme : « il faut savoir que le métier de programmeur ou développeur est le deuxième métier le plus recherché en France. »
« Je créerai l’école de mes rêves »
Le projet naît d’un éclair de conscience, une fulgurance, assis sur les bancs de l’école. « On nous vendait un beau rêve qui coûtait très cher à l’année. On s’est rapidement rendu compte que la formation était totalement creuse. On avait l’impression d’être pris pour des vaches à traire et rien d’autre. » Ni une, ni deux, armé de son bâton de pèlerin, le futur directeur décide de frapper aux portes afin de mobiliser les partenaires et créer sa propre école : moins onéreuse mais tout aussi exigeante en matière d’expertise. « Les formations de Game academy sont conçues de manière à répondre pleinement aux besoins du marché. Nos premiers apprenants sortiront diplômés en juin prochain. » Aujourd’hui, l’école s’illustre comme un pivot central de la conception vidéo dans la région.
1,7M€ d’investissement
Le vif succès de l’établissement ne laisse rien transparaitre du long parcours semé d’embuches qu’il a occasionné. « Nous n’avions décroché aucune subvention, aucune aide, c’était une période difficile. Je me suis heurté à une multitude de réponses négatives à mes sollicitations. Je me suis monté tout seul ». Quelques années plus tard, l’école conquit quelques 80 étudiants et 8 formateurs répartis en 8 classes. Une belle évolution pour l’établissement qui forment les concepteurs du futurs. Les formateurs partagent la même passion, transmettre leur science à un auditoire qui a soif d’apprendre.
Les cours sont pratiques et projettent les apprenants dans une mise en situation réelle donnant lieu à de jolis projets qui voient le jour. « Les formateurs ont une entreprise en parallèle, certains sont des designers ou artiste peintre reconnus. Ils sont employés de Game academy à plein temps et se dédient à leur entreprise durant leur vacance par exemple. Game academy en chiffres, c’est : 1,7M€ d’investissement, 1 000m² en intérieur dédiés à la formation, une salle de conférence, des salles de cours, des bureaux et un terrain de 3 700m² en Courtine. Difficile de s’y sentir à l’étroit !
Des formations au plus proche du terrain
Game academy forme aux métiers techniques et créatifs de la conception de jeu vidéo en proposant deux formations de 3 ans : programmeur et infographiste 2D/3D. Le programmeur est chargé d’écrire les lignes de code constituant l’ensemble des fonctionnalités du jeu. Il va donc être chargé de coder les menus, actions, outils, ainsi que toute autre fonctionnalité que contient le jeu vidéo. À la Game Academy, le programmeur sera formé pour faire aussi bien du gameplay que de l’interface ou du moteur. Cette formation sera également composée de cours de réseaux et logiciel. Ainsi, il sera polyvalent, apte à s’adapter à n’importe quel métier lié à la programmation.
L’infographiste a pour rôle de créer l’aspect graphique d’un jeu. Cet artiste va concevoir, imaginer et produire les éléments graphiques nécessaires. Il va donc être chargé de travailler sur les menus, interfaces, personnages, cinématiques, animations, conception de l’environnement, ainsi que tout autre élément que contient le jeu vidéo. À la Game Academy, l’infographiste sera formé pour faire aussi bien du modelage 3D que du dessin ou de l’animation.
La classe préparatoire est une formation d’une année afin d’obtenir les compétences nécessaires à l’intégration des formations longues de programmeur ou d’infographiste au sein de Game Academy, ainsi qu’aux personnes hésitant entre ces deux corps de métier. Durant le 1er trimestre, le programme sera constitué de programmation et d’infographie afin que chacun puisse découvrir ses compétences et affinités. À l’issue de celui-ci, chaque étudiant pourra choisir son orientation en fonction de ses résultats mais surtout de son choix personnel. Autre dispositif pour les plus jeunes : la ‘Game camp’ a été mise en place il y a deux ans. « C’est une session ouverte à des collégiens, leur permettant de découvrir le métier de concepteur vidéo sur 5 jours. Ils créent leur propre jeu vidéo, découvrent le métier et s’orientent ainsi correctement pour le lycée. »
Le diplôme d’Etat : loin d’être le graal !
« On est les vilains petits canards, le fait de ne pas proposer un diplôme reconnu d’Etat implique que nous ne sommes pas suffisamment mis en avant dans les collèges et lycées par exemple. » Kevin en est pourtant persuadé, le diplôme d’Etat, « tout le monde s’en moque ». Le chef d’entreprise regrette une mythologie profondément ancrée autour de la valeur de ce diplôme. Une idée reçue selon laquelle les diplômés non reconnus ne trouveront pas de travail.
« C’est complétement faux. Ce qui importe, ce sont les compétences de l’individu, ce qu’il est capable de montrer sur les machines. Certains autodidactes développent des compétences énormes. » L’école n’ayant pas la certification de diplôme d’Etat, les subventions sont impossibles et le coût moyen pour une admission s’élève à 5 000€. Un investissement que Kevin entend alléger pour permettre aux talents de s’épanouir. « Nous avons le projet de fonder pour cet été une association afin d’aider les candidats à financer leur entrée au sein de l’école par le biais des bourses. » Les entreprises pourraient ainsi bénéficier d’une défiscalisation. Par ailleurs, le centre de formation dispose d’un partenariat avec l’Imca, ancienne école d’Avignon ainsi qu’avec le lycée de Vedène, dont les étudiants d’art peuvent envisager l’école dans la continuité de leur cursus.
Ce qui fait la différence
L’école se différencie aisément par son coût d’admission, inferieur aux prix pratiqués sur le marché. Deuxième atout du centre : les critères d’admission. « Nous sommes les seuls à offrir une porte d’entrée à ceux n’ayant aucun diplôme, ni baccalauréat. » Game Academy joue sur son esprit « start-up », jeune, innovant et dynamique. En témoigne son directeur tout juste âgé de 28 ans. La réputation de l’école est telle qu’elle franchit les frontières de Paca, les étudiants viennent de Paris, Lille ou même d’Italie pour parfaire leur apprentissage.
Les étudiants peuvent s’illustrer à travers la réalisation de vrais projets de conception diffusés gratuitement sur le marché. « Chaque étudiant est crédité, l’objectif est de développer la notoriété, de faire parler, nous ne souhaitons pas commercialiser. Pour les apprenants, ils peuvent montrer leur jeu disponible, c’est une formidable vitrine et un atout en matière de visibilité. » Concernant les débouchés, ils sont divers, « un étudiant a été pris dans une société qui conçoit des applications mobiles dédiées à la culture française, exportées à l’étranger. Un autre doit partir dans une société de jeux vidéo à Lyon. »
Quand les étudiants créent un logiciel pour l’armée
La diversité des projets est telle que l’école supérieure a signé une convention de partenariat inédite avec la base aérienne 115 d’Orange. « C’est une belle opportunité qui s’est présentée à nous », se réjouissent les étudiants. Le fondateur est heureux de « cette belle reconnaissance ». Ils n’avaient pas imaginé, en septembre 2017, quand ils ont intégré cette école de concepteurs, travailler un jour pour l’armée ! Grâce à la convention de partenariat, deux programmeurs et deux infographistes 3D vont pouvoir effectuer un stage de six mois, à compter du 1er juillet, aux côtés de militaires. « Ils vont concevoir un simulateur de pilotage d’hélicoptères militaires en réalité virtuelle. Une façon d’apprendre le pilotage pour les nouvelles recrues, sans utiliser un hélicoptère. C’est une solution pratique, écologique et économique de faire piloter sur un ordinateur », explique Kevin Vivier.
Les grandes marques se bousculent
« Dès le départ, j’ai été sollicité par de grandes marques qui accordaient une pleine confiance au projet et souhaitaient devenir partenaire. Cela permet de bénéficier de prix attractifs tout en équipant avec du matériel haut de gamme. Les pc sont suffisamment puissants pour faire des formations performantes. » Plus que l’aspect financier, l’appui des marques contribue à la reconnaissance de l’école, formidable levier de réputation.
Un solide partenariat avec MSI Gaming et Wacom a permis un équipement de pointe à la disposition des élèves (Pc et tablette graphique).
Comment rejoindre l’école ?
Pour rentrer à la Game Academy, il faut auparavant passer des tests et un entretien. Pour cela, vous trouverez le dossier à télécharger ici. « Trois heures de tests pour les admissions, ça prépare au reste de la formation. La spécificité de notre école est qu’elle admet des profils variés, issus quelques fois de reconversion professionnelle. Nous avons eu un profil sans aucune compétence en dessin ni programmation, qui est devenu l’un des meilleurs programmeurs et a signé son stage au sein de l’armée.» L’école rentrera dans sa 5e année d’existence en septembre prochain et entend bien rester aux manettes du jeu du futur.
L'Echo du Mardi - Linda Mansouri